« La vie mérite d'être vécue »

Story Angleterre, 15 Novembre 1994, Par une matinée d’automne, pendant que les feuilles tombent des arbres et que l’hiver commence à pointer son nez, Anna Roth donne naissance à sa deuxième fille. Elle aurait surement préféré un garçon mais avait-elle le choix ? Une fois que l’on peut vous annoncer le sexe de votre enfant il est trop tard pour avorter. Encore moins lorsque l’enfant est né. Lorsqu’elle aperçu les cheveux blonds de l’enfant Anna pensa d’abord qu’ils prendraient leur vrai couleur dans quelques semaines, mais pour l’instant elle était submergée par le bonheur d’avoir donné la vie à une personne. Angleterre, Mars 1998/ Extrait du journal d’Anna Roth Dois-je penser que j’ai fait du bon boulot avec mes enfants ? Si grand-mère m’entendait ! Elle qui n’aime pas que je me je me vante. Cela me fait penser qu’elle n’a plus donné de nouvelle depuis 4 ans, depuis que l’Australie la « appeler »… Pourquoi choisir un pays aussi loin ? Elle sait pourtant qu’à son âge il est primordial d’être auprès de sa famille. En même temps, elle n’a jamais donné de nouvelle depuis que je suis toute petite. Pourtant elle était là à la naissance d’Iglesia. Ensuite elle s’en est encore allée. Mais là n’était pas ce de quoi je voulais parler. J’ai besoin de le noter quelque part. Je suis vraiment fière de mes enfants et John qui n’est jamais là ! Je pense qu’il me trompe. Il doit forcément y avoir quelqu’un qui le fasse si souvent partir en France. Mais propos ne sont pas encore fondés mais je trouverai. Sans rompre la promesse que j’ai faites de ne jamais fouillé ses affaires. France, Août 2000 Tout le monde a fêté le nouveau millénaire de bien différente manière. Certains on bu jusqu’à l’overdose, d’autres ont choisi ce moment pour faire leur demande de mariage, certains se sont mariés, certaines personnes ont pris des bonnes résolutions qu’elles ne tiendront peut-être jamais. Et la famille Roth a commencé à déchiré ses liens. Anna a trouvé la preuve que son mari la trompait mais elle ne sait pas avec qui. Elle s’était trompée sur un point. Si John allait si souvent en France ce n’était pas pour voir son amour caché mais pour sa famille. Il avait toujours rêvé de s’installer en France. Non à cause de l’illusion qu’il se faisait d’un des pays les plus romantiques du monde, mais à cause de l’éducation qu’il avait envie d’offrir à ses filles. Il ne pouvait pas ne pas prendre en compte le fait qu’Iglesia ne se sente pas à l’aise en Grande-Bretagne, Elle y avait toute sa famille mais il lui manquait quelque chose. Et ce quelque chose, John Roth espérait le lui apporté en s’installant à Paris. France, Mai 2002 Ainsi s’achève l’une des plus belles histoires d’amour que June est connue. Ses parents vont divorcés. Son père ira vivre avec Hervé. L’immeuble d’à côté. C’est surement l’un des évènements qui la marquera le plus dans sa vie. Aujourd’hui encore elle subit les choix de ses parents. Et les souvenirs qui ne veulent pas s’effacer de sa tête... Le chagrin dans lequel il a laissé sa mère, la vie avec Hervé et son père certes pas toujours noir mais pas toujours rose non plus. Son deuxième beau-père un homme qu’elle est loin d’aimé. Elle n’a jamais compris pourquoi sa mère s’était remariée. Et puis la solitude. Elle ne s’était jamais sentie aussi mal. Damaris, sa sœur, semblait gérer cela avec tant de calme de sérénité. Etait-elle vraiment humaine celle-là ? Aujourd’hui cette question l’aurait surement fait rire. Sa sœur était bien plus humaine qu’elle. Cette période, elle l’appelle les années distractions. Parce que l’envie de s’échapper avait été redoublée. Elle jouait tous les jours pendant des heures, et elle ne manquait pas de lire des centaines de livres, se mettant dans la peau des personnages. Et puis elle a aussi appris à peindre, elle a redoublé d’efforts dans son travail. Passant d’élève moyenne à excellente élève. Mais tout ça n’a servit à rien. Son père n’est pas redevenu hétéro, sa mère n’a pas quitté cet immonde profiteur et sa sœur n’a pas montré le moindre sentiment vis-à-vis de ce remue-ménage. Angleterre, Septembre 2008/ Discussion rapportée entre Anna Frêne (ex-Roth) et Iglesia Roth -Tu sais, tu n’as pas vraiment le choix, si j’autorise ta sœur à rester c’est uniquement à cause de ses études. Et puis elle est majeure, elle n’a plus besoin de parents -Je pourrais toujours resté avec papa ! Si tu ne veux pas que je reste avec toi, tu n’as qu’à me le dire, mais m’emmener vivre chez grand-mère ! Pourquoi est-ce que tu m’éloignes ? C’est vraiment injuste, j’ai toujours su que je n’étais pas ta préférée mais je n’aurais jamais cru que tu aurais voulu te débarrasser de moi. -Arrête de raconter des bêtises ! Je sais que c’est héréditaire dans cette famille mais tout de même tu vas vivre chez mamie parce qu’il te faut une bonne école, et on sait tous que les françaises ne sont pas les meilleures -C’est vraiment dégueulasse ce que tu fais ! Me dire qu’on va en vacances et m’abandonner ici, c’est digne de la pire des garces. Dois-je te remercier ? Il était clair dans la tête d’une certaines Anna que sa fille ne s’en tirerais pas comme ça. Elle leva la main par réflexe. Le cri qui suivit fut si perçant que la femme se demanda si elle l’avait vraiment frapper. Et pourtant June était toujours là, debout dans le salon rouge de colère depuis le début de la discussion. Elle n’avait pas bougé un doigt. Qui aurait cru qu’elle venait de pousser un hurlement aussi sonore. Elle dévisagea sa mère un long moment sans prononcer un mot. Comme si elle attendait quelque chose. Puis finalement elle rompit le silence. -Finalement je suis bien contente de rester ici. Je me demande pourquoi j’en ai fait tout un cirque. Encore une fois il lui fallait tout recommencer. Et cette solitude qui ne l’avait jamais réellement quittée, qui était là, parfois forte, parfois faible, ressurgissait chaque jour passé dans le pays du thé et de la reine, du Big Ben, et des cabines rouges, de toutes ces autres choses que tout le monde trouvaient si belles et qui en réalité était tellement anodine pour les gens qui y vivaient. Angleterre, 2010/ Discussion rapportée entre June Iglesia Roth Assise à son bureau depuis une heure, les yeux clos, June pensait à ce que sa vie aurait été si elle avait eu une famille normale, si elle était restée la fille pétillante et pleine de joie qu’elle avait été pendant son enfance, si la petite blondinette toute sage et toute aimable avait grandit et s’était dévoilé… Si la fille pourrie gâtée tant apprécier n’était pas apparu… Elle se leva de sa chaise trop fatigué pour continuer ses réflexions. Elle était peut-être Maso, parce que ces souffrances qu’elle s’infligeait mentalement, n’importe qui les auraient repoussées, mais pas elle, elle, elle les poussait à aller plus loin. Elle n’aimait plus les murs bleu pâle de sa chambre. Pourquoi pas beiges à la place ? Elle tenta de s’imaginer sa chambre en beige. L’image était parfaitement claire dans sa tête. Mais lorsqu’elle rouvrit les yeux elle eut comme une sorte de libération suivit d’un hébètement complet suivit d’une bouffée de joie et de crainte. Etait-ce une hallucination dû au manque de sommeil ? Elle en souffrait depuis seulement deux jours. Mais était-ce possible que les murs de sa chambre changent de couleurs ? Ainsi en un claquement de doigt. Elle entendit toquer à sa porte. Elle sursauta. Dieu du ciel ils étaient venus la chercher, Elle était bonne pour un asile d’aliénés maintenant. -A table ! cria sa grand-mère derrière la porte. Elle regarda la chambre une nouvelle fois consternée. Angleterre, 2010 Depuis deux jours, depuis que June c’était endormie dans une chambre beige et levé dans une chambre bleu, depuis que ces choses étranges c’était produite, June avait développé une envie irrépressible de s’en aller. Où, elle ne le savait pas encore mais elle savait qu’elle voulait partir, quitte à fuguer s’il le fallait. Et de toute façon il y avait plus à perdre qu’à gagner dans cette histoire. C’est dans cette logique qu’elle fit ses valises. Elle attendit que sa grand-mère aille faire les courses, pour s’éclipser. Personne ne revit plus jamais la jeune blonde. On dit qu’elle a laissé une longue lettre à ses parents leur expliquant qu’il lui était trop difficile de rester en vie dans un monde qu’elle n’aimait plus. Ce serait-elle suicidée ? Pourtant… personne n’a retrouvé son corps.